boat on sand near ocean

À la rencontre des nomades de la mer !

À la rencontre des Badjao, les nomades de la mer

Ils sont souvent appelés "les hommes poissons". Les Badjao, ou nomades de la mer, vivent en symbiose avec l’océan depuis des générations. Connus pour leurs plongées en apnée à des profondeurs vertigineuses et leur vie nomade sur les eaux, ils représentent une communauté fascinante et unique.

Mais aujourd’hui, ils ne seraient plus que quelques milliers à vivre encore selon leurs traditions ancestrales, se déplaçant au gré des marées et des courants marins.

Une vie au fil de l’eau

Les Badjao vivent au rythme de la mer. Leur quotidien tourne autour de la pêche, essentielle pour leur subsistance. Ils plongent à des profondeurs pouvant atteindre 30 mètres, une prouesse rendue possible grâce à des adaptations génétiques uniques transmises de génération en génération. Ils capturent poissons, crustacés et coquillages, qu’ils consomment ou vendent pour acheter du riz, des légumes ou des matériaux nécessaires à l’entretien de leurs embarcations.

Leurs bateaux, minimalistes, servent à la fois d’habitat, de moyen de transport et d’outil de pêche. Mais au fil des années, la raréfaction des ressources marines, causée par la surpêche et la destruction des récifs coralliens, a poussé de nombreuses familles à se sédentariser. Sur l’île de Mabul, les maisons sur pilotis, reliées par des pontons, témoignent de cette transition.

À la recherche des Badjao

Pour les rencontrer, mon périple a débuté par un vol vers Tawau, au nord-est de Bornéo, dans l’état malaisien de Sabah, avant de rejoindre la ville côtière de Semporna en voiture.

De là, après deux jours de préparation à la recherche du meilleur endroit pour rencontrer les Badjao, j’ai embarqué pour l’île de Mabul, située à une heure de bateau. En approchant, j’ai aperçu les premières maisons sur pilotis s’élevant au-dessus des eaux turquoise. C’est ici, sur cette petite île, que certaines familles Badjao se sont sédentarisées, tandis que d’autres continuent de vivre sur leurs bateaux.

Des enjeux complexes

En vivant sur l’eau, beaucoup de Badjao n’ont pas de nationalité. Sans papiers, ils sont privés d’accès à l’éducation, aux soins de santé et aux droits fondamentaux. Leur langue et leurs traditions sont transmises oralement, mais leur mode de vie reste menacé par la modernisation et la marginalisation.

À Semporna, j’ai visité le quartier de Bangau-Bangau, l’un des plus grands villages Badjao de la région. Entièrement construit sur pilotis, il est un mélange de tradition et d’adaptation. Les ruelles, formées de pontons en bois, fourmillent d’activités : vente de poissons, réparations de bateaux, échanges entre voisins. Mais derrière cette effervescence, les défis demeurent.

Le futur des nomades de la mer

Bien que certains groupes aient obtenu des papiers d’identité et commencé à se battre pour leurs droits, beaucoup continuent de vivre en marge de la société, contraints de quitter leurs bateaux pour rejoindre des villages plus stables.

Les Badjao incarnent un mode de vie en harmonie avec la nature, mais les pressions économiques et environnementales menacent cette existence séculaire. Ce sont peut-être les dernières générations de nomades de la mer.